La sensation de faim est régulée par 2 hormones, la ghréline et la leptine. La ghréline est l’hormone qui va donner la sensation de faim. La leptine va, quant à elle, donner la sensation de satiété.

la ghréline est reponsable de la faim, et la leptine est responsable de la satiété

Ces deux hormones sont extrêmement importantes. La ghréline va déclencher la faim, et donc la recherche de nourriture. La leptine va, quant à elle, déclencher l’arrêt de la prise de nourriture. Sans la ghréline, les chiens et les chats ne mangeraient pas. Sans la leptine, les chiens et les chats voudraient manger en permanence.

Avant toute chose, le fait qu’un chien ou un chat ait faim ne doit pas être considéré comme systématiquement problématique. Un chien ou un chat sauvage qui n’aurait pas faim, n’aurait pas le réflexe d’aller chasser pour se nourrir. Si votre chien ou votre chat en bonne santé n’a pas faim lorsque que vous lui donnez à manger, c’est qu’il a trop à manger.  En revanche si votre animal vous réclame à manger constamment ou plusieurs heures avant son repas, votre animal a alors trop faim.

Malheureusement, une trop grosse sensation de faim n’est pas toujours causée par un manque de nourriture.

Pour comprendre plus en détails les mécanismes de la régulation de faim, il faut prendre en compte tous les facteurs jouant directement ou indirectement sur la ghréline et la leptine.

Pour couvrir dans la globalité la régulation de la sensation de faim, nous allons nous pencher sur les facteurs suivants :

  • L’insuline
  • Le manque de nutriments
  • Les facteurs externes : Stérilisation, anxiété, et perception de danger
  • L’addiction

Chacun de ces facteurs va être abordé de façon simplifiée et schématique pour pouvoir comprendre le plus simplement possible le rôle de chacun sur la sensation de faim.

L’insuline et la faim :

L’insuline est une hormone produite par les cellules bêta du pancréas pour, entre autres, réguler le taux de glucose dans le sang (glycémie). Par conséquent, et même si l’insuline est aussi produite lors de l’ingestion de protéines, elle est surtout produite lors de la consommation de glucides qui vont arriver sous forme de glucose dans le sang.

Pour faire simple, l’insuline va mettre en place des mécanismes pour faire descendre la glycémie quand celle-ci devient trop élevée.

L’insuline et la lipoprotéine lipase (LPL) :

Un des mécanismes mis en œuvre pour faire baisser la glycémie est l’activation la lipoprotéine lipase (LPL). La LPL est, de façon simplifiée, l’enzyme du stockage du gras ; plus elle est activée, plus les cellules adipeuses se remplissent.

L'insuline active la LPL provoquant une prise de masse graisseuse

La LPL permet donc d’envoyer en stockage sous forme de gras le surplus de glucose ainsi que le gras venant de l’alimentation. De façon schématisée, la LPL permet d’enlever le surplus de glucose du flux sanguin, mais aussi le stockage du gras qui ne va plus être utilisé par l’organisme comme source de « carburant » par les cellules au profit du glucose. En effet, l’insuline force les cellules à brûler du glucose et à arrêter la combustion du gras. Tout cela pour faire descendre la glycémie plus rapidement.

Seulement le gras étant un macro-nutriment essentiel pour le corps, ce stockage forcé entraine en réalité un manque de nutriments pour les cellules qui ne peuvent pas l’utiliser. Un manque de nutriments entrainant la production de ghréline, la sensation de faim augmente. Par conséquent, les chiens et les chats qui stockent du gras vont voir, paradoxalement, augmenter leur sensation de faim parce qu’ils grossissent. De façon simplifiée, on obtient le processus suivant :

Insuline influant sur la LPL et donc indirectement sur la faim

De plus, la ghréline répondant aussi à la baisse de la glycémie, et l’insuline ayant aussi un effet inhibant sur la leptine (l’hormone de la satiété), nous obtenons le schéma suivant :

Effet global de l’insuline sur la sensation de faim

Là où il faut faire extrêmement attention, c’est que plus l’organisme produit d’insuline, plus il devient résistant à l’insuline. Autrement dit, plus un organisme est en contact avec l’insuline, plus il va en produire. C’est la raison pour laquelle la fréquence des repas joue un rôle sur la résistance à l’insuline et indirectement sur la sensation de faim.

Conclusion sur l’insuline et la faim :

L’insuline joue un rôle prépondérant dans la régulation de la sensation de faim. Plus l’insuline est présente, plus la faim sera présente. Or l’insuline étant principalement impactée par l’ingestion de glucides, la surconsommation de ces derniers joue un rôle majeur sur la faim. C’est pour cela que, notamment, l’étude scientifique « Perceived hunger is lower and weight loss is greater in overweight premenopausal women consuming a low-carbohydrate/high-protein vs high-carbohydrate/low-fat diet. » de Nickols-Richardson SM, et al publiée dans le « Journal of the American Dietetic Association » en 2005 montre qu’un régime faible en glucides (et non faible en graisse) et associé à une réduction de la faim chez les femmes en préménopause (qui auraient tendance à avoir plus faim compte tenu du contexte hormonal).

Le manque de nutriments et la faim :

Les manques de nutriments sur la faim : alimentation pauvre en nutriments, alimentation déséquilibrée, malabsorption des nutriments (parasites intestinaux, mauvaise flore intestinale, nutriments peu assimilables), manque de nourriture.

La ghréline réagit directement à un manque de nutriments pour augmenter la faim. Cependant un manque de nutriments n’est pas forcément la cause d’un manque d’alimentation. Il peut être le résultat d’un déséquilibre alimentaire. Par exemple, si une alimentation contient les macro-nutriments (protéines, lipides, glucides) en quantité suffisante, mais pas les micronutriments (vitamines, minéraux), l’organisme va jouer sur la ghréline pour provoquer une recherche de ces micro-nutriments. L’inverse est aussi vrai : si l’alimentation manque de protéines ou lipides mais pas de vitamines et minéraux, la sensation de faim augmentera de la même façon.  Au final, on peut avoir des déséquilibres entre :

  • Les micro et macro nutriments. Exemple : manque de micro-nutriments ou manque de macro-nutriments.
  • Les macro-nutriments. Exemple : manque de matière grasse par rapport à la protéine.
  • Les micro-nutriments. Exemple : manque de certains minéraux ou certaines vitamines.

Notez que le manque de nutriments peut être aussi induit par l’utilisation d’ingrédients de mauvaises qualités, peu assimilables, comme les minéraux sulfates ou encore des protéines et matières grasses de mauvaise facture.

Vous comprendrez alors pourquoi mélanger plusieurs aliments (ex: croquettes + boites) en permanence , qu’ils soient complets ou non-complets, peut provoquer une grosse augmentation de la faim chez votre chien ou chat.

En revanche un manque de nutriments n’est pas systématiquement causé par l’alimentation. Une mauvaise absorption/assimilation des nutriments par l’organisme (indépendante de l’alimentation) constitue aussi un manque de nutriments. C’est malheureusement le cas même quand on donne une bonne alimentation à des chiens et des chats qui ont une flore intestinale dégradée ou qui sont parasités. Notez qu’un chien ou un chat ayant des selles molles (voire liquides) a forcement une mauvaise assimilation ce qui, bien sûr, augmentera considérablement la sensation de faim.

Les facteurs externes impactant la faim : Stérilisation, anxiété, et perception de danger.

Les facteurs externes jouant sur la faim : la stérilisation, l’anxiété.

Les facteurs externes sont des facteurs indépendants de l’alimentation mais ils vont indirectement influer sur la production de ghréline, et donc la sensation de faim.  Le premier facteur externe est, là encore, une hormones :

  • Le cortisol

Le cortisol est l’hormone du stress. Plus votre chien ou chat est anxieux/stressé, plus il va produire de cortisol. Même si nous ne savons pas encore exactement par quel procédé, on sait que le cortisol va joué sur la sensation de faim (. C’est exactement pour cela que, tout comme pour les chiens et les chats, certains d’entre nous ont tendance à manger plus lorsqu’ils sont stressés.

Le dernier facteur externe est la stérilisation. La stérilisation va en fait supprimer, pour la majeure partie, les hormones sexuelles que sont les œstrogènes et la testostérone. Or ces hormones ont la particularité d’inhiber la lipoprotéine lipase (LPL).

Après la stérilisation, les œstrogènes et la testostérone inhibent moins la LPL ce qui favorise le stockage du gras dans les cellules adipeuses.

La suppression de cette inhibition de la LPL va engendrer un stockage du gras (prise de poids) supplémentaire qui va indirectement jouer sur la sensation de faim.

L’addiction : la fausse faim

L'addiction : la fausse faim lié à la consommation de glucides

Il est important d’aborder le sujet de l’addiction. En effet, même si elle n’a techniquement rien à voir avec la faim comme vous pouvez le constater sur le schéma ci-dessus, il est très facile de confondre les deux. Nous avons tous en tête un gros repas de famille bien copieux ou tous les estomacs sont bien remplis et puis vient l’heure du dessert et hormis quelques exceptions, tout le monde va bien sûr prendre du dessert. Est-ce que toutes les personnes ayant pris du dessert avaient encore faim ? La réponse est non. Le dessert a été consommé pour le plaisir hormonal qu’il engendre. Que ce soit pour nous ou pour les chiens et les chats, une des substances les plus addictives est le sucre. Le sucre blanc (saccharose), qui fait partie des glucides, est extrêmement addictif à cause notamment de son index glycémique élevé (index 70).

L’index glycémique et l’addiction :

L’index glycémique détermine la vitesse à laquelle une source de glucide va arriver sous forme de glucose dans le sang. Or plus l’index glycémique est élevé, plus la réponse hormonale en dopamine et en endorphines est élevée. Ces hormones étant les principales hormones du plaisir, elles peuvent créer une véritable addiction. Manger par addiction entrainant une surconsommation, vous comprendrez pourquoi il faut faire attention à ce phénomène. Il faut par conséquent faire attention à toutes les sources de glucides à fort index glycémique. La pomme de terre est un bon exemple avec un index de 70, ou pire le tapioca  avec un index 85. Par comparaison, la faible partie de patate douce contenue dans nos aliments pour chiens et chats a un index glycémique de 50 qui est considéré comme moyen.

Prenant ce facteur d’addiction en compte, vous comprendrez pourquoi un chien ou un chat voulant toujours plus de son alimentation, ne veut pas forcément dire qu’il a faim. Vous comprendrez aussi pourquoi un chat ou chien qui ne se jette pas sur sa nourriture ne veut pas forcément dire qu’il n’aime pas sa nourriture. Si sa sensation de faim est bien régulée et que la ration journalière est légèrement trop élevée, il est normal que votre chien ou chat ne se jette pas sur sa gamelle.

Pour finir sur l’addiction, souvent les chiens et les chats récemment basculés sur une alimentation plus faible en glucides, peuvent avoir tendance dans un premier temps à chercher les glucides qu’ils n’ont plus. C’est en quelque sorte une période de sevrage pendant laquelle les chiens et les chats peuvent avoir tendance à surconsommer la nouvelle alimentation si celle-ci n’est pas rationnée.

Conclusion sur la régulation de la faim :

Tous les facteurs influant sur la sensation de faim.

Au vu de tous les facteurs influençant la sensation de faim, il est clair que la régulation de la faim n’est pas aussi simple qu’elle peut paraître. Affirmer que son chien ou son chat a trop faim parce qu’il manque de nourriture ou qu’il aime moins ses nouvelles croquettes, peut être une grossière simplification du symptôme observé.

Il est primordial pour les chiens et les chats d’avoir une bonne régulation de la faim. Pour ce faire, il faut impérativement faire attention aux facteurs suivants :

  • Le taux de glucides de l’alimentation.
  • L’index glycémique des sources de glucides contenus dans l’alimentation.
  • La présence éventuelle de parasite intestinaux.
  • La santé de la flore intestinale de votre animal : Attention aux vermifuges chimiques et comprimés anti-puces/tiques.
  • La qualité des nutriments de l’alimentation.
  • Le bon équilibre de l’alimentation.
  • La fréquence des repas. Nous conseillons 2 repas par jour pour les chats, et 1 seul le soir pour les chiens.
  • L’environnement et les conditions de vie de votre chien ou chat afin qu’il ne soit pas anxieux/stressé.

 

Pierre Maupilier

Copyright juin 2017

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